Les effets du réchauffement climatique sur la forêt

Les effets du réchauffement climatique sur la forêt

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On observe une hausse des températures moyennes en France de 1,7 °C depuis 1900. Or cette hausse de température a plusieurs conséquences comme l’augmentation du nombre de sécheresse, et donc du risque d’incendie, des hivers moins froids, des tempêtes plus violentes etc. Le changement climatique a évidemment un effet sur les surfaces forestières françaises, et l’adaptation de ces dernières est compliquée, puisque le changement s’effectue trop vite pour que les arbres puissent s’adapter à temps. Autrement dit, le déplacement de la niche écologique d’un arbre est beaucoup plus rapide que la vitesse à laquelle il peut migrer.

Mais si celui-ci a un effet sur nos forêts, nos forêts aussi ont un effet sur lui ! Grâce à la séquestration dans la biomasse forestière du CO2 de l’atmosphère (grâce à la Photosynthèse), le stockage du CO2 dans les produits bois, comme les bâtiments bois ou les meubles et objets, et la substitution liée au recours au bois plutôt qu’à des matériaux et des énergies fossiles, non renouvelables. Il est important de souligner ici que les taux maximum de captation du CO2 dans l’atmosphère s’observent dans les forêts jeunes à moyennes, puis ces taux déclinent (source : le GIEC). Les forêts les plus anciennes ont accumulé plus de carbone, mais leur capacité de puits diminue, alors que les forêts plus jeunes en contiennent moins, mais absorbent le CO2 de l’atmosphère à un taux beaucoup plus élevé. Cela ne signifie pas que nous ne devons plus avoir d’arbres anciens, qui ont d’autres valeurs ajoutées que l’absorption de CO2. Mais plutôt qu’il ne faut pas avoir seulement des arbres anciens dans nos forêts. En coupant des arbres qui sont d’âge moyen/avancé, et donc qui ont un taux d’absorption qui diminue, on laisse la place pour des nouveaux arbres plus jeunes qui absorbent beaucoup de CO2 atmosphérique. L’arbre coupé est transformé en produit bois (maison, meubles etc), et ainsi le CO2 capturé n’est pas relâché mais stocké : 1m3 de bois stocke entre 800 kg et 1 tonne de CO2. Certains arbres malades, ou de mauvaise qualité, peuvent être également transformés en Bois énergie. Dans ce cas-là, le CO2 stocké est relâché, mais cette énergie présente tout de même l’intérêt de se substituer à des énergies non-renouvelables et moins propres. Cela étant dit, comme le soulignait déjà le GIEC en 2007 : “une stratégie de Gestion durable des forêts visant à maintenir ou à augmenter les stocks de carbone forestier, tout en produisant un rendement annuel soutenu de bois, de fibres ou d’énergie provenant de la forêt, serait la plus bénéfique en termes d’atténuation durable”.

Avec le réchauffement climatique, nous constatons un déplacement des enveloppes bioclimatiques. Une augmentation de 1°C correspond en France à un décalage des zones climatiques d’environ 200 km vers le Nord 3. Ceci a pour conséquence un déplacement des niches écologiques (milieu occupé par une espèce et qui correspond à l’ensemble des conditions nécessaires à sa survie) des essences forestières. Par exemple, selon les scénarios climatiques d’aujourd’hui pour 2100, la niche écologique du hêtre va disparaître du Sud et du centre de la France, et augmenter dans l’Est de la France (d’après Saltré et al. 2015). Pour survivre, les espèces forestières doivent migrer avec leur niche écologique.

La migration naturelle se fait notamment grâce aux oiseaux ou animaux qui déplacent les graines des arbres. Les graines qui sont transportées dans les milieux qui correspondent le mieux à leur niche écologique ont plus de chance de germer, puis de survivre en tant que plantules. Ainsi, le chêne pubescent, dont la niche écologique est actuellement dans le sud, pourrait venir dans le futur s’implanter dans des zones plus au nord de la france, qui vont adopter des caractéristiques climatiques similaires à son habitat actuel. Étant plus résistante à la sécheresse que certaines essences de chêne nordique (même si elle subit aussi les effets du réchauffement climatique), il est possible qu’elle vienne conquérir des zones auparavant occupées par des essences nordiques qui résistent moins bien à la chaleur.

Néanmoins on constate que la vitesse du déplacement des enveloppes bioclimatiques (500 km/s) est très supérieure à la vitesse de migration réelle historique constatée des essences forestières. Pour aider les essences à migrer plus rapidement, certaines stratégies sont possibles comme la migration assistée, donc un déplacement par l’Homme des graines, de manière stratégique, et la mise en place de continuités écologiques (trames bleues & vertes, corridors écologiques) etc.

 

crédit photo : Landon Parenteau on Unsplash

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