Aujourd’hui dans un contexte national de reboisement avec le Plan de relance et après la crise des Scolytes on entend des craintes par rapport à une industrialisation de la forêt en plantant des “champs de résineux” dans le seul but d’une rentabilité à court terme.

En France métropolitaine, les forêts présentent globalement un bon niveau de naturalité, avec 87% de forêts à caractère semi-naturel (non issues de plantation). Par ailleurs 93% de la surface forestière est dominée par des essences indigènes. La richesse locale moyenne en essences forestières est de 5 essences sur 0,2 ha en France métropolitaine. Cette valeur est en augmentation entre 2006 et 2017.

Il y a effectivement eu dans l’histoire récente des forêts françaises des phases “d’enrésinement” dans l’objectif de répondre à des politiques précises. À la fin du XIXe s (Boisements RTM) et après la seconde guerre mondiale (Boisements FFN) la France a connu des campagnes de boisement importantes, essentiellement résineuses :
– soit d’obtenir une couverture du sol la plus rapide possible souvent en zones de montagne où les résineux étaient les plus adaptés (RTM) pour lutter contre l’érosion, les chutes de blocs, les avalanches ou encore contre l’insalubrité.
– soit pour produire le plus rapidement possible du bois pour reconstruire un pays lourdement touché par la guerre. Là encore les résineux ont été privilégiés dans un premier temps pour leur forte production biologique, y compris en zones de plaines. Cet enrésinement reste somme toute modéré au regard de la surface forestière totale mais a ouvert des débats et a montré les limites de la monoculture et des itinéraires techniques trop “systématiques”. Les boisements FFN alimentent aujourd’hui largement la filière bois française mais les politiques forestières ne conçoivent plus de tels boisements aujourd’hui : on est passé d’une vision monofonctionnelle à une vision multifonctionnelle des forêts (définie depuis 2011 dans le Code forestier L112-2).

Selon l’IGN, seuls 6,8% des forêts françaises ne contiennent qu’une seule essence (Peuplements monospécifiques), 83% des forêts sont composées d’au moins 3 essences ce qui favorise la diversité locale d’autres groupes taxinomiques. De plus, seulement 13% de la forêt est issue de boisements et de régénération artificielle.

La diversité biologique au sein de l’écosystème forestier n’est pas la simple résultante de la composition en essences : la composition en essence intègre de nombreuses caractéristiques qui ont une forte influence (fréquence et intensité des coupes, caractéristiques stationnelles, historique de la parcelle, structure du peuplement, morcellement du parcellaire…) La diversité biologique au sein de l’écosystème forestier améliore son fonctionnement et favorise sa résilience, notamment aux effets des changements globaux. Les peuplements mélangés offrent en moyenne des services écosystémiques supérieurs aux peuplements homogènes et offrent une meilleure résilience aux perturbations naturelles. De plus, ils offrent une meilleure qualité paysagère et retiennent la préférence des usagers récréatifs.

Dans un contexte de changement climatique avec des aléas de plus en plus forts et fréquents (tempêtes, sécheresses, attaques de pathogènes etc.) le meilleur moyen de donner de la résilience aux massifs forestiers c’est d’y introduire le maximum de diversité à tous les niveaux, y compris au niveau des essences (mais aussi dans les itinéraires techniques, les types et structures des peuplements, morcellement du parcellaire, etc.) mais également aux différentes échelles spatiales. La Biodiversité à tous les niveaux constitue un facteur de dilution du risque de non-adaptation et donc un facteur majeur de résilience.

Les professionnels savent et sauront s’adapter à la ressource qui leur est disponible et sauront valoriser ces peuplements pour permettre à nos forêts de continuer à se développer