La santé de nos forêts est au cœur des préoccupations de la filière et des professionnels qui la compose. En effet, les sécheresses successives, induites par le réchauffement climatique, affaiblissent l’ensemble des forêts françaises et engendrent des mortalités soit directes soit indirectes par le développement d’insectes ou autres pathogènes comme le tristement célèbre scolyte qui a mis à terre des millions de m3 en France et en Europe.
Afin de surveiller l’évolution sanitaire des forêts et de tenter de trouver des solutions à ces problèmes, les professionnels de la filière (gestionnaires, transformateurs…), les services de l’Etat et les collectivités se réunissent 2 fois par an au sein d’un Comité régional de surveillance sanitaire (CRSS) pour échanger sur les différentes problématiques comme : le « rouge physiologique » sur les plantations de douglas, l’effet direct des sècheresses sur le sapin pectiné, le chêne ou encore le hêtre, les Scolytes sur l’épicéa, les géométrides et la processionnaire sur le chêne, le sphaeropsis sur les pins… De nombreux problèmes sont observés et des solutions « pratiques » sont discutées. Cependant, en terme de traitement « curatif », hormis l’évacuation des bois touchés au plus vite, il n’existe que très peu (voire pas) de moyens de lutte directe.
La question qui se pose est donc : que reste-t-il comme solution aux forestiers pour protéger les forêts ?
C’est le sens même de leur travail : trouver des solutions adaptées à chaque forêt. Si le propriétaire de la forêt (privé dans 80% des cas en AuRA) reste seul décideur sur son bien, les conseils qui lui sont donnés par le forestier professionnel vont s’appuyer sur un ensemble de paramètres incluant notamment la station sur laquelle évoluent les arbres (sol, microclimat, évolution climatique supposée…) et le peuplement existant (taux de mortalité, essence, capacité de régénération naturelle, présence de pathogène, taille de la parcelle…).
Attardons-nous sur la notion de peuplement existant. Ce point est fondamental car toutes les essences qui composent les Peuplements ne se gèrent pas de la même façon, certaines ne peuvent pas se régénérer efficacement ou encore être gérées en futaie irrégulière (voir notre article sur les modes de gestion). D’autres critères comme la taille du peuplement (ou de la parcelle) sont bloquants également. Par exemple, un peuplement trop petit ne peut pas être géré en futaie irrégulière pour des raisons économiques (le propriétaire ne peut pas équilibrer ses dépenses et ses recettes). De plus, l’état sanitaire du peuplement ne permet pas toujours de conserver la mixité du boisement. Donc, même si globalement, les forestiers vont chercher, pour lutter contre le problème de sècheresse, à moins découvrir les sols (par la gestion en futaie irrégulière ou la régénération naturelle en futaie régulière) pour éviter l’évaporation, le reboisement artificiel va être souvent nécessaire. Dans ce domaine, les méthodes tendent à évoluer : mélange d’essences et meilleure maîtrise de la végétation d’accompagnement sont à l’ordre du jour.
Globalement, les forestiers ont une vision à long terme. En effet, l’exercice de cette profession nécessite de réfléchir sur la durée de vie d’un arbre soit de 20 ans pour un peuplier à 200 ans pour un chêne et ils n’ont pas attendu que l’on parle du changement climatique dans les médias pour s’en préoccuper ! Depuis de nombreuses années, des organismes de la filière (ONF, CNPF, Coopératives…) suivent l’évolution du climat et font des tests en forêts pour évaluer les meilleures méthodes mais cela prend du temps pour obtenir des résultats et les rendre applicables à grande échelle. Pour les passionnés de ces questions, une série de webinaires est à la disposition. Le réchauffement climatique est le principal ennemi des forêts, même si celles-ci, en absorbant du CO2 jouent un rôle d’atténuation, l’adaptation des forêts par l’introduction de nouvelles essences ou la mise en place d’autre moyen de gestion iront-ils assez vite pour profiter encore longtemps de toutes les fonctions et agir pour la bonne santé de nos forêts ?
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